Il y a des médias togolais sur la toile qui se permettent
une analyse biaisée des faits parce qu’ils se trouvent dans une logique
partisane. Ainsi par exemple ils prétendent que les poursuites judiciaires
contre certaines personnalités proches de la mouvance présidentielle, notamment
Kpatcha Gnassingbé (frère du président Faure) et Pascal Bodjona (ex ministre de
la décentralisation remis en liberté), cacheraient des manœuvres politiques.
J’ai même lu l’article d’un site d’information qui réduisait ces affaires
judiciaires à un problème ethnique en estimant que le président Faure serait en
train de « traquer ses frères Kabyè » qui lui feraient ombrage. Tout
cela n’est que foutaise.
Je trouve vraiment pathétique que dans notre pays des médias
renoncent au traitement objectif de l’information et publient des articles
mensongers pour attirer l’attention du public. A l’heure où nous appelons de
tous nos vœux une véritable professionnalisation des médias après les états
généraux de la presse, nous sommes en droit de déplorer une telle légèreté de
la part de certains.
En réalité s’il est vrai que les personnalités citées plus
haut étaient des hommes de main du président Faure Gnassingbé, ces derniers sont
avant tout soumis comme tout citoyen à l’autorité de la justice quelque soit
leur statut social.
Dans un pays comme le
Togo qui se veut démocratique, pourquoi devrait s’étonner de la poursuite
judiciaire d’un citoyen qui assume des charges politiques? Nous sommes dans un
état de droit et il est temps que nous intégrions dans notre mentalité le
principe d’égalité des citoyens devant la loi. L’appartenance politique ne peut
être un bouclier qui nous dispense de répondre des faits reprochés devant la
justice.
John Rawls dans La théorie de la justice, affirmait que
« la justice est la première des institutions sociales ». Elle est
donc une institution vitale pour la cohésion sociale d’un pays. De ce fait, les
intérêts politiques ne peuvent faire
obstacle au fonctionnement de la justice. Au Togo aussi, la justice est en
marche malgré la partialité dont certains l’accusent dans les affaires
concernant Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona.
D’aucuns en réalité ont
accusé la justice d’avoir fait l’objet de manipulation en vue d’une soi
disante éviction politique des deux anciens collaborateurs du président. Pourtant
sous l’impulsion de l’ambitieux programme de modernisation de la justice,
l’institution évolue à son rythme dans le sens de l’autonomie à l’égard des
autres pouvoirs.
La justice togolaise a d’ailleurs
eu à démentir, à travers certaines décisions, ceux qui la qualifient
d’instrument politique. Les exemples ne manquent pas.
Suite à l’arrestation de M. Sama
Essohamlom DG de la société ReDeMaRe en 2010 pour tentative d’escroquerie, bon
nombre ont crié à la manipulation politique de la justice. Pourtant en aout
2011, ce fut cette justice « manipulée » qui ordonna la mise en
liberté provisoire de l’intéressé.
Dans l’affaire d’escroquerie où
était inculpé Pascal Bodjona, qui selon certains dires serait un complot
politique, il y a lieu de constater la remise en liberté provisoire de Pascal
Bodjona et Bertin Sow Agba. Cette décision ordonnée en instruction fut un pied
de nez à ceux qui doutaient de l’indépendance des juges dans cette affaire.
Il faut rappeler que même dans
l’affaire de tentative d’atteinte à la sureté de l’Etat ayant conduit à la
condamnation de Kpatcha Gnassingbé et ses coaccusés, certains codétenus ont été
remis en liberté sur décision de justice.
Les détracteurs de la justice
devraient se poser la question de savoir si ces décisions judiciaires auraient
été possibles dans le cas où la justice était assujettie au pouvoir politique.
Certes le programme de
modernisation de la justice initié par le Président de la République ne porte
pas encore tous les fruits escomptés mais il est certain que ce programme a
insufflé une nouvelle dynamique au pouvoir judiciaire. A la lumière des
affaires citées plus haut il apparait clairement que les juges revendiquent peu
à peu leur indépendance quelque soit la personne qui se présente au banc des
accusés. Cette embellie ne peut que profiter à tous les togolais car il y va du
rayonnement de la démocratie au Togo.
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